8 · années de pèlerinage ( Italie 2 ) - Jardinsmusicaux

8 · années de pèlerinage ( Italie 2 )

Roger Muraro © P.-W. Henry

Sa 21.08.21

17:00

FRANZ LISZT ( 1811 – 1886 ) 
Années de pèlerinage ( 1867 – 81 )
Troisième année, Italie

 
1. Angelus ! ( Prière aux anges gardiens )
 
2. Aux cyprès de la Villa d’Este ( 1 ) Thrénodie
 
3. Aux cyprès de la Villa d’Este ( 2 ) Thrénodie
 
4. Les jeux d’eau à la Villa d’Este
 
5. Sunt lacrymæ rerum ( En mode hongrois )
 
6. Marche funèbre ( En mémoire de Maximilien Ier)
 
7. Sursum corda ( Erhebet eure Herzen )
 
8. Venezia e Napoli
 
 

ROGER MURARO, PIANO

 
 
Enregistré par RTS Espace 2

Ces trois jours, je les ai passés tout entiers sous les cyprès !
C’était une obsession, impossible de songer à autre chose, même à l’église.
Leurs vieux troncs me hantaient, et j’entendais chanter et pleurer leurs rameaux,
chargés de leur inchangeable feuillage.
Enfin les voilà couchés sur du papier de musique…
Franz Liszt

 

Les sept pièces qui forment cette « troisième année » sont tardives. C’est un « vieux pèlerin » qui s’y exprime. Les souvenirs et impressions de voyage sur fond de beautés naturelles, de merveilles de l’art ou de coups de foudre littéraires, cèdent la place à un autre culte, celui de la vérité ultime de la foi. On ne s’étonnera donc pas d’y trouver quelques-unes des pages les plus fortes que Liszt nous a laissées.

Une partie des pièces ( nos 1, 5, 6 et 7 ) sont des morceaux austères voire déconcertants dans lesquels Liszt tourne délibérément le dos à toute forme de séduction apparente. La longue « prière » de l’Angelus initial, écrite pour harmonium, en est l’illustration, de même qu’une méditation lugubre inspirée de L’Énéide de Virgile se rapportant à la chute de Troie ou la sinistre Marche funèbre écrite en hommage à l’empereur Maximilien du Mexique, tué lors de la révolution de 1867.

Avec Jeux d’eau à la Villa d’Este, nous entrons dans le trésor de cette « troisième année ». Décor enchanteur, réseau ombragé de sources, de fontaines, de cascades et de grottes ruisselantes. Ici l’art du magicien atteint son zénith, dans une réalisation pianistique d’une beauté confondante, fluide, miroitante, lumineuse, jaillissante, faite d’éclaboussures, de perles fines, de trémolos, trilles, tierces, et arpèges. Cette pièce de haute virtuosité ne fait pas que ranimer l’amour pour les beautés d’ici-bas, elle les relie à celles d’en haut comme le souligne la citation de l’Évangile de Jean Mais l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissante, pour l’éternité que Liszt inscrit au centre de sa partition.

La grandeur au-dessus de tout ! Liszt la cherche dans le feu passionné de ses premières amours, croit la rencontrer dans l’art et ne la trouve finalement que dans le dépouillement austère qui conduit à Dieu. C’est de cette étonnante ascèse que nous entretiennent les Années de pèlerinage. Elles accompagnent la montée vers la Lumière d’un artiste romantique dont la nostalgie de l’absolu s’identifie avec un sens mystique de l’art.

Roger Muraro, Berlioz et Liszt

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