FILM · SAN CLEMENTE
RAYMOND DEPARDON ( 1942* )
San Clemente ( 1982 )
Documentaire
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Réalisation : Raymond Depardon et Sophie Ristelhueber
Prise de vue : Raymond Depardon
Prise de son : Sophie Ristelhueber
Monteur : Olivier Froux
© 2013 Palmeraie et désert
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Présentation du film par Vincent Adatte
C’est la télé ? Non, ce n’est pas la télé.
Il tourne un film. Il nous le montrera.
Mais cela ne passera jamais à la télévision.
Un malade et un médecin
Collaboration
Jardins Musicaux
Passion Cinéma
Cinepel – Ville de Neuchâtel
En contrepoint du spectacle éponyme de Pierre Jodlowski, Passion Cinéma et Les Jardins Musicaux, avec le soutien de Cinepel et de la Ville de Neuchâtel, présentent un bouleversant voyage au cœur de la folie.
À la fin des années 70, alors que l’Italie est confrontée au démantèlement progressif des hôpitaux psychiatriques, Raymond Depardon photographie plusieurs asiles de la péninsule, et plus particulièrement les derniers instants de celui de San Clemente. C’est dans cet hôpital, sur une petite île dans la lagune de Venise, qu’il réalisera San Clemente, un de ses plus beaux films documentaires, tourné en neuf jours.
Institution médicale ou carcérale ? Les familles des malades se plaignent en tous cas des lacunes en matière d’organisation et d’assistance aux internés. Pourtant, l’austérité des lieux n’est pas le sujet, mais seulement la toile de fond de ce que Depardon veut montrer.
Une femme frappe à une porte. La caméra entre à sa suite. La visiteuse se dirige vers son lit : c’est une patiente. Un homme parle de façon exaltée, une femme a des gestes emphatiques : ce sont les parents des internés. Les médecins, habillés en civil, sont difficiles à repérer. Raymond Depardon filme ici toute l’ambiguïté de la folie, toute sa complexité.
Malgré les adresses fréquentes à la caméra sur le mode agressif, il n’y a pas effraction. L’équipe de tournage n’est ni vraiment désirée, ni vraiment rejetée. Elle est là. Cela étant posé, tout devient possible. Les patients de San Clemente, les médecins, les parents jouent ce qu’ils veulent devant cet « œil » : ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent être, ce qu’on attend d’eux ( ou pas ), ce qu’ils aimeraient qu’on voie d’eux. Bref, c’est le contraire d’une extorsion de paroles du genre « regardez / écoutez comme c’est poétique, un fou ». Si San Clemente incarne pleinement ce genre cinématographique qu’on appelle « cinéma du réel », c’est en même temps un saisissant théâtre du vivant.