MORTON FELDMAN
For Bunita Marcus
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Pierre Sublet, piano
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La dernière œuvre du compositeur américain, fils spirituel de Cage et Varèse.
La compositrice Bunita Marcus a rencontré Morton Feldman en 1976, débutant une longue association qui a duré jusqu’à sa mort en 1987. Pendant sept ans, ils ont été inséparables. Ils ont composé côte à côte, partageant des pensées et des idées musicales. En 1985, Feldman intitule sa nouvelle création pour piano For Bunita Marcus.
Je m’intéresse à la manière dont le temps existe avant que nous posions nos pattes sur lui – nos intelligences et nos imaginations, en lui.
Et je suis toujours d’avis que les sons sont destinés à respirer… et non pas à être mis au service d’une idée.
Morton Feldman
La musique de Morton Feldman se base sur la perception instantanée du son pur et du temps, et non pas sur une logique formelle ou sur des règles de construction.
L’une de mes histoires préférées est celle d’un jeune homme qui va voir un maître Zen ; il doit rester auprès de lui sept ans, je crois. Le maître Zen lui donne un balai et, pendant sept ans, on lui dit de balayer la maison. Il balaye donc la maison ; il est là, à un endroit, et le maître est à un autre endroit avec un sabre. Le gars est là avec son balai et le maître arrive par derrière en poussant un cri perçant, en hurlant, et le jeune homme soulève son balai. Après un certain temps, le jeune homme écoute et il entend le maître se déplacer là-bas ; il se retourne alors et attend. Ou bien, il le laisse passer et se tient dans un coin ; la faculté de se mettre à l’écoute lui vient lentement. Il s’en imprègne, vous voyez. Il passe ainsi maître dans toutes les nuances de l’écoute, […] et au bout des sept années, il monte en grade. On lui reprend son balai et on lui remet un sabre.
Morton Feldman
Remplir le temps et remplir le vide, la musique de Morton Feldman fait penser aux œuvres de Cy Twombly, Robert Ryman, Mark Rothko – certains furent d’ailleurs ses amis. Et puis aux tapis d’Orient avec leurs motifs à répétitions et à leurs abraches. Et puis aux papillons.