MEL BONIS
Carillon mystique, op. 31
5 Pièces pour Piano
Les Gitanos, op. 15
La Chanson du rouet, op. 24
Femmes de légendes
Mélisande, op. 109
Desdémone, op. 101
Ophélie, op. 165
Viviane, op. 80
Phœbé, op. 30
Salomé, op. 100
Omphale, op. 86
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Aleksandra Bobrowska, piano
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FEMME ET COMPOSITRICE, UN DESTIN UNQIUE
Rien ne prédispose Mel Bonis à une destinée musicale. Autodidacte, elle s’initie au piano dans un contexte familial plutôt hostile doublé d’une éducation religieuse stricte. Ses parents s’étant résignés à lui offrir un enseignement musical, elle est présentée à César Franck qui lui ouvre les portes du Conservatoire en 1876. Elle partage les mêmes bancs que Debussy. À la classe de chant, elle tombe amoureuse d’Amédée-Louis Hettich, un jeune homme doué d’une forte personnalité, chanteur, journaliste et critique musical. Les parents de Mélanie s’opposent à cette union et obligent la jeune fille à quitter le Conservatoire pour la séparer de son ami ; ils lui arrangent un mariage avec Albert Domange, un industriel dynamique, deux fois veuf, père de cinq garçons et de 25 ans son aîné. Elle vit bourgeoisement, tout entière consacrée à ses devoirs familiaux pendant presque dix ans. Elle élève ses beaux-enfants et aura trois fils avec son mari.
Comme son entourage se désintéresse de sa musique, il faudra des influences extérieures pour que Mel Bonis se remette à l’ouvrage. Elle retrouve Hettich qui l’encourage à composer.
Mel Bonis va souffrir d’un conflit entre ses sentiments et ses convictions religieuses. Épreuve longue et douloureuse, culpabilisation qui aiguisera sa sensibilité et induira sa créativité. Elle mettra au monde, en secret, une petite fille qu’elle ne pourra jamais reconnaître. Elle survit à cette situation dramatique par la prière et la création musicale.
Elle écrit une œuvre abondante et variée : plus de deux cents compositions – du piano à l’orchestre symphonique – de la musique légère aux cantiques mystiques, des pièces pour enfants aux œuvres concertantes. De style post-romantique, son inspiration est nourrie d’un psychisme hypersensible et d’une âme mystique et passionnée. Les œuvres sont travaillées en profondeur, inlassablement corrigées, même après impression. Malgré l’intérêt de ses collègues compositeurs et interprètes, personne dans son entourage n’a jamais pris conscience de l’immensité de sa créativité ni de la grandeur du personnage et, quand la musique de Mel Bonis prend sa véritable maturité, personne autour d’elle ne l’aide à la promouvoir. Elle s’isole du monde et se réfugie dans la religion qui la protège de l’angoisse.